Sable du Rhin ou de la Meuse ?

Peut être vous êtes vous déjà posé la question :  pourquoi le sable utilisé dans la construction est souvent appelé : sable du Rhin ?  Tout simplement parce que, comme son nom l’indique, il provient du Rhin mais pas exclusivement.

Nous prenons en ce moment même un chargement de sable aux Pays-Bas, sur la Meuse.  A vol d’oiseau, nous nous trouvons à une trentaine de Km du Rhin et dans ces contrées, les terrains sont gorgés de sable.  Les gravières et sablières (que les bateliers nomment : des fouilles) sont légions.  Les dragues commencent toujours à creuser en partant de la rivière et avancent au fur et à mesure sur les terrains avoisinant.  La photo ci contre montre que la fouille s’agrandit continuellement.  Les petits ronds sont des bateaux qui se trouvent bien dans l’eau.  

La drague est une véritable usine sur l’eau.  Elle aspire les matériaux, trie et distribue les marchandises en fonction de leurs qualités : sables, graviers, terre…   Les bateaux viennent se placer à bord et embarquent directement  la cargaison souhaitée. 

 

Comme le sable provient directement de la rivière, il faut compter un pourcentage d’eau équivalent à 15 % qu’il faudra pomper en cours de route.  Arrivé à destination, la marchandise est déchargée directement sur le stock du fournisseur et prête à être distribuée aux professionnels du bâtiments. 

Made in Belgium

Une fois n’est pas coutume, la Belgique exporte vers la Chine et nous participons à cet évènement.

C’est au quai de la plateforme multimodale de Montignies sur Sambre que nous avons embarqué une cargaison de 1100 tonnes de tôles, fabriquées par Industeel Belgium à Charleroi, pour un client de Shangaï.

Pas question pour nous de franchir les océans !  Après une vingtaine d’heures de navigation via le plan incliné de Ronquières et le canal maritime de Bruxelles,  le transbordement sur navire de haute mer est prévu à Anvers.

La marchandise sera entreposée dans le port d’Anvers en attendant un futur départ vers l’orient.

On fait le pont

Le Merrimack vient de participer à la reconstruction du pont route de Gouy Les Pieton, sur le canal Charleroi-Bruxelles.  Le chargement a eu lieu à Andenne à proximité de la société Techno Metal Industry, conceptrice du projet.  Les 10 morceaux du tablier ont été transportés par bateaux. Nous en avons amenés 6.

les pièces du puzzle prennent place dans la cale

Le premier transport était un peu stressant car il fallait  impérativement arriver à destination le vendredi soir.  Nos éléments du tablier du pont devant être posés au dessus de la ligne de chemin de fer, la SNCB avait programmé une coupure de quelques heures.  Le chargement ayant pris plus de temps que prévu et les aléas de la navigation étant ce qu’ils sont (il y a 12 écluses à franchir sur le trajet de 86 km), notre marge de manœuvre était particulièrement réduite.    Finalement, tout s’est bien passé et le déchargement a pu commencer à 22.00 comme prévu pour se terminer le samedi matin à 05.00.

déchargement de nuit

Pas le temps de profiter du week-end.  Lundi matin nous devions être à nouveau disponibles à Andenne pour embarquer la suite des pièces.  Or le dimanche les bateaux de commerces ne peuvent pas naviguer sur la Sambre.  Il fallait donc impérativement passer Namur avant samedi 19.30 (heure de fermeture des écluses).   « On a marché comme el tram ».  A 18.00 nous étions de retour à Andenne.  Lundi à 18.00 nous pouvions repartir avec 4 morceaux du pont et au terme de 15 heures de navigation nous sommes arrivés à Gouy.

De retour à Gouy lez Pieton. Les pièces dans la cale seront posées sur la rive gauche.

Mercredi matin c’était l’effervescence sur les rives du canal.  Les badauds, des autorités et des journalistes étaient venus nombreux assister au spectacle. https://www.telesambre.be/pose-de-l-impressionnante-superstructure-metallique-du-pont-de-gouy-lez-pieton

Le déchargement a pris plus de temps que prévu, mais pour notre part, nous avons rempli notre contrat.  Ce genre de transport nécessite toujours une part d’improvisation et d’incertitude, c’est ce qui fait son charme…

Up date de l’axe Sambre – Escaut

 

La Wallonie investit pour la modernisation des voies navigables.
Ce sera bientôt le tour du canal Charleroi- Bruxelles et du canal du Centre d’être mis à gabarit Cemt Va (c’est à dire pour des bateaux mesurant 110 mètres de long et 11.40 mètres de large, pouvant emporter à pleine charge (3.50 m de tirant d’eau) quelques 3000 tonnes, soit 10 x plus que l’antique péniche du XIX ième siècle).

https://quatre-ecluses.be/

Actuellement le gabarit du canal Charleroi-Bruxelles est de 85 m x 10.50 m de Dampremy à Clabecq.  De 81.30 m x 10.30 m de Clabecq à Bruxelles.  De Ronquières à Bruxelles la voie navigable restera à ces dimensions.
Le gabarit du canal du Centre est de 85 m x 10.50 m, mais l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu est conçu pour recevoir les bateaux de 110 m.

 

A nouveau à l’aventure

Une fois n’est pas coutume, puisque l’année 2020, Covid 19 oblige, fut « autrement », nous avons décidé d’entamer 2021 sur le même ton.  Une offre de transport a retenu notre attention :  La Louvière – Karlsruhe.   Par la route environ 445 Km, par bateau  400 Km de plus.
C’est juste après la Noël que nous avons embarqué notre cargaison de coils chez NLMK.  Pour gagner notre destination, 2 chemins étaient possibles.
Option 1 : passer par Bruxelles, Anvers, Volkerak et remonter le cours du Rhin sur 640 Km.  13 ouvrages d’arts à franchir et une trentaine de Km de moins par rapport à l’option 2.  Inconvénient, il faut franchir le plan incliné de Ronquières et passer par le port d’Anvers.  Endroits où on perd vite du temps.
Option 2 : emprunter le cours de la Sambre et la Meuse jusque Nimègue et remonter le Rhin sur 527 Km.  Inconvénient, 21 écluses à franchir et traverser une partie de la dorsale wallonne parfois encombrée avec une deadline : être passé l’écluse de Weurt (jonction entre la Meuse et le Waal (Rhin) pour le 31 décembre à 20.00.  Notre date de livraison nécessitait une navigation d’environ 14 heures par jour, tous les jours (week-end et jours fériés compris).  Or la Meuse hollandaise ferme  du 31/12 20.00 au 02/01 06.00.  Nous ne pouvions pas nous permettre une aussi longue immobilisation, pour 2 raisons. D’une part le niveau du Rhin baissait et d’autre part le 6 janvier est jour férié en Allemagne, il nous fallait donc livrer avant, pour garder toutes les chances d’encore pouvoir charger la même semaine pour redescendre.
Le choix fut facile.  Le 29/12,  jour du chargement, le plan incliné de Ronquières est tombé en panne.  Ne restait plus que l’option 2.  La Sambre et la Meuse qui avaient été en crue chariaient encore un bon débit et le 31/12 à 13.00, nous sortions de l’écluse de Weurt.  Banzaï, en avant toute, 527 Km à remonter le Rhin, (soit une bonne centaine de mètres d’altitude, sans écluses).

C’est à Wesel (Km 815) que nous avons passé la St Sylvestre « autrement ».
Le 1ier janvier, de passage à Duisbourg (Km 780) la Wasserschutzpolizei (police des voies navigables) est venue nous souhaiter la bienvenue en Allemagne.  Cela faisait environ 20 ans qu’ils n’avaient plus vu le Merrimack  et il n’était plus dans leur base de données.  Un petit contrôle rapide et sympa pour vérifier la validité des documents et « auf wiedersehen ».
Le  2 janvier avant le lever du jour nous passions la ville de Cologne (Km 688).
Le  lendemain nous franchissions la « montagne », c’est à dire la partie rocheuse du cours du Rhin, entre Coblence et Bingen-Rüdesheim.  C’est la partie « romantique » pour les touristes, mais périlleuse pour les bateliers.  Le courant est violent, la voie navigable parfois étroite et les rochers ne font pas de cadeaux si le bateau est déporté hors du chenal ou touche le fond à cause d’un enfoncement trop optimiste.

Ci dessus : Kaub et son célèbre « Pfalz » (Km 546)
Ci dessous la force du courant est bien visible sur le sillage que traine cette bouée dans le « Bingerloch » (Km 530)
Le 4 janvier à 15.30 nous entrions dans le port de Karlsruhe (Km 360).
Ce voyage était l’occasion de tester nos VOLVO(s) dans les conditions les plus rudes.  Du matin au soir à un régime de 1600 à 1700 (parfois un peu plus) tours minutes.  Ils ont tournés 59 heures depuis Weurt  à environ 80 % de charge moteur, pour une consommation moyenne de 112 litres à l’heure.
Ne dit on pas : « Heureux qui comme Denis, a fait un beau voyage » ?
Joachim Du Bellay a parlé d’Ulysse, mais avec Denis ca marche aussi 😉

 

 

 

Navigation sur l’Escaut

Je ne vous apprendrai probablement rien en écrivant que l’Escaut est un des 3 fleuves qui traversent la Belgique.  Sa particularité, c’est qu’il a une partie maritime, avec un chenal large et profond sur lequel les navires de haute mer et les bateaux de navigation intérieure se côtoient. Entre Anvers et Flessingue (à l’embouchure du fleuve dans la mer du nord) les bateliers sont donc tenus de bien respecter les balises, d’être à l’écoute sur les ondes vhf et de s’annoncer aux postes qui règlent le trafic.  Les navires qui ont un tirant d’eau de plus de 10 m et une vitesse souvent de 2 x supérieure à la nôtre, font un gros déplacement d’eau.  En fonction de l’état de la marée il faut aussi se méfier de la force du vent.  A partir de 6 Bf de vent venant de l’ouest, cela peut devenir dangereux pour nos « petits » bateaux.

A Terneuzen, un canal d’environ 30 Km permet de rejoindre le port maritime de Gand, mais le fleuve y mène aussi en passant par Anvers.  Sur la photo ci-dessus nous sommes montant à l’approche des écluses de Zandvliet.
Des gros porte containers  d’environ 300 m de long sur 40 m de large sont en cours de déchargements aux terminaux portuaires.
A partir de Wintam vers Gand la voie d’eau se rétrécit fortement et les méandres se creusent.  La marée devient un facteur de risque important pour la navigation.  A marée basse les bateaux chargés ne savent pas rentrer dans le chenal conduisant aux écluses de Merelbeke.  Il faut donc jongler avec la table des marées.  Par exemple lorsque la marée est haute à Anvers, elle descend déjà depuis 1 h 44 à Flessingue et elle n’atteindra Melle (Gand) que 3 h30 plus tard.  Sur ce temps là elle est de nouveau haute à Flessingue.
Bien évidemment, la direction du courant et sa force influence fortement la conduite du bateau.

Sur la carte ci-dessus, nous sommes montant (puisque nous remontons le cours du fleuve) mais néanmoins avec le courant (puisque nous avons la marée montante).  A l’approche de Baasrode les tournants se font beaucoup plus serrés et le croisement à certains endroits impossible.
La boucle du Kokham est particulièrement  impressionnante.  On tourne d’abord de 90° sur bâbord avant d’entamer un 180 ° sur tribord pour enchainer sur 2 x 90° sur bâbord.  C’est du sport !  Quoi que…  De nos jours il « suffit » de bouger avec le doigt la manette de la conduite et de réguler les gaz en fonction de la vitesse que l’on doit imposer au bateau pour en rester maître.  Quand je pense que mon grand-père, sur sa péniche (en bois) à la traction (sans moteur) passait aux mêmes endroits il y a 1 siècle et qu’il devait pousser son grand gouvernail à la seule force des bras,  je dis « respect ».

Carnet de bord septembre 2020

Une fois n’est pas coutume, ce vendredi nous avons embarqué une cargaison spéciale.  Il s’agit en fait d’un cinéaste et de deux collaborateurs de
DB Moteurs, concessionnaire VOLVO PENTA à Dunkerque.

Depuis fin de l’année dernière, Lucas m’avait demandé si il serait possible de venir faire un tournage à bord afin de parler de notre expérience avec VOLVO PENTA et DB Moteurs.  Etant très satisfait, d’une part des moteurs et d’autre part du service de DB Moteurs lors du placement ainsi que du service après vente, nous avons accepté la requête bien volontiers.

Année Corona oblige, le tournage fut reporté sine die.  Mais il y a quelques semaines nous avons pu accorder nos agendas.  Encore fallait il trouver un endroit sympa pour la croisière et espérer le beau temps.  Passant par le canal du centre il nous a semblé intéressant de faire découvrir l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu à nos hôtes.  Ils ont eu franchement l’air d’apprécier l’ascension des 73 mètres  de dénivelé en quelques minutes.
Le tournage très professionnel s’est effectué dans des conditions optimales.  Nous avons hâte de voir le résultat.

 

La batellerie, c’est CHILL!

En effet, comme c’est agréable.  Glisser lentement au fil de l’eau.  On ne risque pas le burn out.  Remarquez, c’est vrai parce qu »on a pas le temps !

Exemple vécu de la vie d’un entrepreneur fluvial.  J’ai 2 contrats à respecter.
1 chargement de calcaire à Landelies à destination de Tessenderlo.  Le client attend impérativement sa marchandise mardi prochain au matin.  Le chargement est prévu vendredi mais je suis à l’avance.  La carrière veut bien me charger jeudi.  Super on aura notre week end !
2 Chargement jeudi prochain à Andenne  des pièces indivisibles 32 m de long sur 7.40 m de large pour 120 tonnes.  Arrivée impérative vendredi soir à Gosselies parce que le canal sera fermé 15 jours pour travaux d’entretien.  Mes pièces sont destinées à ce chantier.

Impeccable sauf qu’ une pollution est détectée sur la Basse Sambre mardi soir. Arrêt de navigation.  J’arrive mercredi après midi et constate effectivement une pollution à l’amont de l’écluse.  J’imaginais la marée noire de l’Amocco Cadiz.  Heureusement on en est loin.  La protection civile est venue, a disposé des barrages flottants et est repartie.  La police de l’environnement  diligente l’enquête.  En attendant la navigation est à l’arrêt.  Il ne faudrait pas que cela dure sinon tout mon planning sera mis à mal et mes clients ne sauront pas être servi.  Çà, je déteste surtout si ce n’est pas pour une raison valable !  Et ce jeudi, je trouve que ce n’en est plus une !!!  A 09.00 toujours personne à l’oeuvre.  Les responsables du SPW m’affirment avoir fait le nécessaire pour régler le problème mais ils ne sont pas présents sur les lieux.  A 11.00 la société de dépollution arrive.  Le responsable comprend tout de suite l’ampleur du désastre pour les bateliers à l’arrêt forcé.   La pollution a été circonscrite grâce aux barrages mis en place par la protection civile.  Ce qui flotte encore en amont de l’écluse est insignifiant et la navigation devrait donc pouvoir être autorisée.  Cette personne RESPONSABLE a pris l’initiative de téléphoner à la direction et OOH miracle nous sommes à nouveau autorisés à naviguer.   Ça va donc d’aller comme on dit à Charleroi.  Je pourrai charger vendredi, je devrai naviguer du week end mas ce n’est pas grave.  Nous sommes indépendants.  Nous savions à quoi nous nous engagions en embrassant la profession de bateliers.

Comme c’est agréable et reposant cette vie au fil de l’eau….

 

Carnet de bord février 2020

C’est parti pour un nouveau transport « exceptionnel ».
Nous chargeons à Andenne à proximité de la société TMI, des poutrelles de 52 m de long à destination d’Hautrage.

Les puristes ne manqueront pas de remarquer une anomalie.  Le bateau est tourné vers l’aval !  En virant, j’ai d’ailleurs pensé à ce que mon père m’a appris.  « Sur une rivière (dans ce cas, s’agissant de la Meuse, un fleuve) on charge de préférence contre le courant ».  D’autant qu’il y a près de 900 m 3 de débit au barrage d’Amay le jour du chargement.   Mais une autre règle vient contredire la précédente : « entre 2 maux il faut savoir choisir le moindre ».
Les poutrelles ont un sens et le client souhaite les placer sur le pont, directement au sortir de la cale.

En chargeant cap à l’aval, le bateau sera dans le bon sens pour le déchargement.  Il s’agit d’un chantier autoroutier.  Le pont qui surplombe le canal Nimy – Blaton est complètement rénové.    Les poutrelles qui vont servir à confectionner le tablier du pont sont amenées par voie fluviale à 2 bateaux : l’Hasta la Vista et le Merrimack.   En ce qui nous concerne, le timing sera retardé en raison de la météo capricieuse.  Trop de vent !  La tempête Dennis se profile à l’horizon et vu la taille et le poids (65 t) des pièces, le manutentionnaire ne veut pas prendre de risques.   Suite dans quelques jours…

La promotion des Voies d’Eau vue par le SPW

Quand on parle de notre métier, j’ai toujours le réflexe de dire le tonnage transporté par notre bateau en comparaison du nombre de camions qu’il aurait fallu.  En ce qui nous concerne entre 40 et 50 !!!    Invariablement nos interlocuteurs nous disent qu’il faudrait plus développer le transport fluvial.

En Wallonie le gouvernement Ecolo-MR-PS a d’ailleurs fait du modalshift  (transfert de la route vers les modes alternatifs et plus respectueux de l’environnement) une priorité.  La preuve : le Service Public de Wallonie, dont on ne peut pas douter de son excellente gestion vient de publier l’avis à la navigation suivant :

Evènement: Service minimum: En raison d’un manque de personnel, la manœuvre de l’écluse d’Obourg (cumulée 21,2) s’effectue de manière restreinte tous les mardis, jeudis et samedis, de 07h54 à 16h00, durant la période du samedi 1er février au mardi 31 mars 2020 inclus.

NO COMMENT !!!