Une fois n’est pas coutume, puisque l’année 2020, Covid 19 oblige, fut « autrement », nous avons décidé d’entamer 2021 sur le même ton. Une offre de transport a retenu notre attention : La Louvière – Karlsruhe. Par la route environ 445 Km, par bateau 400 Km de plus.
C’est juste après la Noël que nous avons embarqué notre cargaison de coils chez NLMK. Pour gagner notre destination, 2 chemins étaient possibles.
Option 1 : passer par Bruxelles, Anvers, Volkerak et remonter le cours du Rhin sur 640 Km. 13 ouvrages d’arts à franchir et une trentaine de Km de moins par rapport à l’option 2. Inconvénient, il faut franchir le plan incliné de Ronquières et passer par le port d’Anvers. Endroits où on perd vite du temps.
Option 2 : emprunter le cours de la Sambre et la Meuse jusque Nimègue et remonter le Rhin sur 527 Km. Inconvénient, 21 écluses à franchir et traverser une partie de la dorsale wallonne parfois encombrée avec une deadline : être passé l’écluse de Weurt (jonction entre la Meuse et le Waal (Rhin) pour le 31 décembre à 20.00. Notre date de livraison nécessitait une navigation d’environ 14 heures par jour, tous les jours (week-end et jours fériés compris). Or la Meuse hollandaise ferme du 31/12 20.00 au 02/01 06.00. Nous ne pouvions pas nous permettre une aussi longue immobilisation, pour 2 raisons. D’une part le niveau du Rhin baissait et d’autre part le 6 janvier est jour férié en Allemagne, il nous fallait donc livrer avant, pour garder toutes les chances d’encore pouvoir charger la même semaine pour redescendre.
Le choix fut facile. Le 29/12, jour du chargement, le plan incliné de Ronquières est tombé en panne. Ne restait plus que l’option 2. La Sambre et la Meuse qui avaient été en crue chariaient encore un bon débit et le 31/12 à 13.00, nous sortions de l’écluse de Weurt. Banzaï, en avant toute, 527 Km à remonter le Rhin, (soit une bonne centaine de mètres d’altitude, sans écluses).
C’est à Wesel (Km 815) que nous avons passé la St Sylvestre « autrement ».
Le 1ier janvier, de passage à Duisbourg (Km 780) la Wasserschutzpolizei (police des voies navigables) est venue nous souhaiter la bienvenue en Allemagne. Cela faisait environ 20 ans qu’ils n’avaient plus vu le Merrimack et il n’était plus dans leur base de données. Un petit contrôle rapide et sympa pour vérifier la validité des documents et « auf wiedersehen ».
Le 2 janvier avant le lever du jour nous passions la ville de Cologne (Km 688).
Le lendemain nous franchissions la « montagne », c’est à dire la partie rocheuse du cours du Rhin, entre Coblence et Bingen-Rüdesheim. C’est la partie « romantique » pour les touristes, mais périlleuse pour les bateliers. Le courant est violent, la voie navigable parfois étroite et les rochers ne font pas de cadeaux si le bateau est déporté hors du chenal ou touche le fond à cause d’un enfoncement trop optimiste.
Ci dessus : Kaub et son célèbre « Pfalz » (Km 546)
Ci dessous la force du courant est bien visible sur le sillage que traine cette bouée dans le « Bingerloch » (Km 530)
Le 4 janvier à 15.30 nous entrions dans le port de Karlsruhe (Km 360).
Ce voyage était l’occasion de tester nos VOLVO(s) dans les conditions les plus rudes. Du matin au soir à un régime de 1600 à 1700 (parfois un peu plus) tours minutes. Ils ont tournés 59 heures depuis Weurt à environ 80 % de charge moteur, pour une consommation moyenne de 112 litres à l’heure.
Ne dit on pas : « Heureux qui comme Denis, a fait un beau voyage » ?
Joachim Du Bellay a parlé d’Ulysse, mais avec Denis ca marche aussi 😉