Je ne vous apprendrai probablement rien en écrivant que l’Escaut est un des 3 fleuves qui traversent la Belgique. Sa particularité, c’est qu’il a une partie maritime, avec un chenal large et profond sur lequel les navires de haute mer et les bateaux de navigation intérieure se côtoient. Entre Anvers et Flessingue (à l’embouchure du fleuve dans la mer du nord) les bateliers sont donc tenus de bien respecter les balises, d’être à l’écoute sur les ondes vhf et de s’annoncer aux postes qui règlent le trafic. Les navires qui ont un tirant d’eau de plus de 10 m et une vitesse souvent de 2 x supérieure à la nôtre, font un gros déplacement d’eau. En fonction de l’état de la marée il faut aussi se méfier de la force du vent. A partir de 6 Bf de vent venant de l’ouest, cela peut devenir dangereux pour nos « petits » bateaux.
A Terneuzen, un canal d’environ 30 Km permet de rejoindre le port maritime de Gand, mais le fleuve y mène aussi en passant par Anvers. Sur la photo ci-dessus nous sommes montant à l’approche des écluses de Zandvliet.
Des gros porte containers d’environ 300 m de long sur 40 m de large sont en cours de déchargements aux terminaux portuaires.
A partir de Wintam vers Gand la voie d’eau se rétrécit fortement et les méandres se creusent. La marée devient un facteur de risque important pour la navigation. A marée basse les bateaux chargés ne savent pas rentrer dans le chenal conduisant aux écluses de Merelbeke. Il faut donc jongler avec la table des marées. Par exemple lorsque la marée est haute à Anvers, elle descend déjà depuis 1 h 44 à Flessingue et elle n’atteindra Melle (Gand) que 3 h30 plus tard. Sur ce temps là elle est de nouveau haute à Flessingue.
Bien évidemment, la direction du courant et sa force influence fortement la conduite du bateau.
Sur la carte ci-dessus, nous sommes montant (puisque nous remontons le cours du fleuve) mais néanmoins avec le courant (puisque nous avons la marée montante). A l’approche de Baasrode les tournants se font beaucoup plus serrés et le croisement à certains endroits impossible.
La boucle du Kokham est particulièrement impressionnante. On tourne d’abord de 90° sur bâbord avant d’entamer un 180 ° sur tribord pour enchainer sur 2 x 90° sur bâbord. C’est du sport ! Quoi que… De nos jours il « suffit » de bouger avec le doigt la manette de la conduite et de réguler les gaz en fonction de la vitesse que l’on doit imposer au bateau pour en rester maître. Quand je pense que mon grand-père, sur sa péniche (en bois) à la traction (sans moteur) passait aux mêmes endroits il y a 1 siècle et qu’il devait pousser son grand gouvernail à la seule force des bras, je dis « respect ».